Un savoir-faire prodigieux
La richesse de la Marne c'est son agriculture
Il est loin le temps de la champagne pouilleuse, des petites maisons de torchis et en colombages. Sol de craies nues où rien ne parait devoir pousser, sol si peu propre à
la culture en 1850 que des milliers d'hectares ont été donnés à l'armée pour y faire manoeuvrer la cavalerie et l'artillerie ( Mouronner, Chalons, Suippes ...) ou permettre
plus tard près de Reims les débuts de l'aviation grâce à des pistes immenses et plates, tandis que des boqueteaux de pins noirs Autrichiens plantés sous Napoléon III
bloquent les poussières de craies soulevés par les vents d'Est et du Nord. Longtemps la pouilleuse quasi désertes sauf dans les vallées des rivières, à servi de pacages
aux troupeaux responsables de l'industries de la laine et de la flanelle qui fut pendant des siècles la gloire de Reims. Cette pouilleuse prise en main par des agriculteurs
de talent au lendemain de la guerre de 1914-1918 qui l'arrosa du sang de centaines de milliers de morts, et plus encore après la guerre de 1939-1945 et l'explosion des
coopératives, est devenue une superbe Beauce, la Champagne, une des première région d'Europe et la Marne, le premier département agricole français. Qui pourrait le croire
quand les livres en usages dans les lycées continuent, malgré la thèse de M. Garnotel, d'assimiler pouilleux et pou, donc désolation, pauvreté et désert ?

Avec des rendements de plus de 50 quintaux à l'hectare, de 66 tonnes de betteraves sur ce même hectare ( soit avec une teneur de 18.5% de sucre en 1997, 11.5 tonnes passées
de sucres blancs, record européen ) l'agriculteur Marnais est, d'après le géographe Brunet, d'une implacable efficacité. Certes les coûts sont lourds: car les tonnages
d'engrais liquides, dont raffole la craie, est qu'épandent des rampes de plus de 30 mètres de larges, montées sur d'énormes remorques qui contiennent des citernes plastiques
font de la Marne, l'acheteur de 16% des ventes françaises de solutions azotées qui ont été multipliées par 12 entre 1950 et 1982 tandis que les fertilisations phosphatées
et potassiques ont été multipliées par 6. Déjà on met en cause la capacité de la nappe phréatique à résister à un tel traitement de nitrate, d'autant que le vignoble ne
ménage pas les traitements phytosanitaires, jusqu'a 12 fois dans les années sensibles, les hélicoptères jouant les brumisateurs. Le savoir-faire agricole est prodigieux
mais il s'explique par la relative jeunesse des exploitants et par leur formation : 50% ont reçu un enseignement agricole, 30% un enseignement général (la France est loin
derrière avec 37% et 22%). D'ailleurs qui oserait parler des paysans pour qualifier ceux que j'ai appelé ailleurs des industriels de la terre dont la plupart des épouses
ignorent les travaux des champs (parce qu'elle sont souvent salariées du commerce ou de la fonction publique).
Des productions diverses

L'orge d'hiver et de printemps qui exige peu de travail (7 à 8 heures par hectares), a remplacé le seigle. Le mais grain dont la culture était jadis cantonnée dans le sud
de la France (c'est la plante des Aztèques du Mexique), à conquit des milliers d'hectares à partir des années 1960. La luzerne déshydratée à été, un temps, le quasi
monopole de la région (premier en Europe avec 83% du total produit en France). Elle rendait deux services essentiels : rentabiliser les terres les moins fertiles et
dépenser peu de temps ( environ 5h30 à l'hectare ). Deux sociétés commercialisent les bouchons déshydratés des usines. Issus de luzernes et de pulpe de betterave on sait
que ces bouchons ne transmettront pas la maladie de la vache folle comme l'on fait, dans la nourriture du bétail, les poudres et les farines animales. Aux colza, oeillettes,
pavots, s'ajoutent les légumes de pleins champs: pois, carottes, choux, ognons rouges. La Champagne est le premier producteur d'opium à usage pharmaceutique en Europe et
la deuxième région productrice de choucroute.